Suite du roman de gare.

Boris Vian avait bien raison : « on n’est pas là pour se faire engueuler… ». Et pourtant c’est le vague sentiment qui surnage. en parcourant la vastitude triste de la gare (ferroviaire) de Limoges à la recherche de la gare routière où nous attend l’autocar pour Périgueux. Tout à l’heure le contrôleur de l’Intercités nous renvoie d’un ton sans appel à notre bulletin de vote. Le chauffeur du car prend le relais dans l’échange de propos aimables.
Nous sommes cinq ou six à nous enfourner dans le véhicule. J’indique poliment que je garderai mon bagage à portée de main. « Ne le mettez pas sur le siège rétorque le conducteur. C’est un car neuf. Faut pas le salir. On est une compagnie privée, on n’est pas riches comme la SNCF »
Dans la nuit bleue sous le phare lunaire nous avons cheminé par les petites routes limousines puis périgourdines, effectuant des haltes dans toutes gares, y compris celles – les plus nombreuses – où aucun voyageur n’avait demandé à descendre.
Au détour d’un bois une biche, gracieuse et gracile a traversé nonchalamment. Le chauffeur, royal, est resté imperturbable, tenant son volant comme d’autres leur sceptre.
On est arrivés très tard. Et on n’a jamais su ni le pourquoi ni le comment de la substitution d’un autocar au TER. Et nul ne nous adressé des excuses pour cette péripétie nocturne.