Un vagabondage au-delà des frontières, pour la bonne cause :
Le bureau Europe de l’Organisation Mondiale de la Santé vient de publier une étude sur les effets bénéfiques de l’art sur la santé. Certains diront que cela tombe sous le sens. Mais c’est mieux si on peut le prouver. Les chercheurs de l’OMS ne se sont pas contentés d’effleurer la question. Ils font la synthèse des données mondiales sur le rôle des arts dans l’amélioration de la santé et du bien-être. Conclusion : « les résultats de plus de 3 000 études ont permis de conclure que les arts jouent un rôle important dans la prévention des problèmes de santé, la promotion de la santé, ainsi que dans la prise en charge et le traitement des maladies tout au long de la vie ».
Cette étude tombe à pic pour me donner l’occasion de signaler une initiative de Parole et Réactions, association des patients et proches de l’institut de cardiologie de la Pitié Salpétrière, fondée par le Pr Gilles Montalescot. Depuis l’été dernier les patients peuvent bénéficier d’une visite gratuite (avec deux accompagnateurs) au musée de Compiègne sur présentation d’une ordonnance muséale. Il ne s’agit pas seulement de tourisme culturel – ce qui, en soit, serait très bien – mais de pouvoir mesurer les bénéfices physiques et psychologiques d’une visite au musée, parc inclus. Les patients remplissent un questionnaire avant et après la visite pour identifier les effets du parcours culturel.
Les médecins francophones du Québec ont, les premiers, il y a plus d’un an, lancé ce projet. Parole et Réactions s’en est inspiré.



Tanguy Queffélec, qui a pris part pour Parole et réactions à une table ronde du Ministère de la Culture sur le thème « le corps du visiteur dans les musées », a commenté ainsi l’ordonnance muséale : « je vois dans le lien, dans les relations de l’Hôpital et du Musée quelque chose qui pourrait s’apparenter à une fraternité, à établir, à instituer. Il existe entre ces deux institutions, l’Hôpital et le Musée, une complémentarité des missions et des ambitions : entre infirmiers et chirurgiens, le premier intervient sur le corps des individus, jusque dans les profondeurs de leur organisme ; l’autre, le Musée, à travers ses chefs d’oeuvre et ses successions d’atmosphères, s’adresse à l’esprit d’un visiteur, à son intimité intérieure, au mystère de ses capacités d’émotion…
Le corps et l’esprit, l’Hôpital et le Musée : voilà une rencontre difficile à contourner. »