Merci François !

Confinée au pays du confit on a subi comme une injure le gavage sur les ondes nationales d’une publicité censée promouvoir les vertus gastronomiques du confit de canard. Grasse, lourdingue, ringarde cette « réclame » (qui se voulait peut-être au second voire au troisième degré ?) visait sans aucun doute à sauver la vie de ces aimables palmipèdes en vous dégoûtant à tout jamais de rejoindre la con-frérie des amateurs de con-fit.

On vitupérait dans sa chaumière sans pouvoir agir. François Morel a sauvé l’honneur dans sa chronique du vendredi 13 novembre sur France Inter. Elle est reproduite ci-dessous pour les auditeurs et auditrices sachant auditer qui l’auraient loupée.

« Alors on ne peut plus utiliser sa voiture sans culpabiliser.

On ne peut plus tenir la porte aux dames sans passer pour un dragueur.

Bientôt on ne pourra plus s’asseoir sur l’herbe sinon on écrase les insectes rares.

Alors on ne peut plus jeter un sac plastique sous prétexte qu’il va finir dans l’océan.

On ne peut plus mettre la main aux fesses de sa secrétaire sans passer pour un obsédé sexuel.

Bientôt on ne pourra plus abattre un éléphant alors qu’il n’y a pas plus joli qu’une statuette en ivoire.

Alors on ne peut plus demander aux enfants de nous faire des gâteries sous prétexte que ça contrarie les ligues de vertu.

On ne peut plus le matin laisser la lumière allumée quand on part de chez soi alors qu’on revient le lendemain au plus tard.

Bientôt, on ne pourra plus faire ses vidanges de voiture sous prétexte que l’huile usagée peut polluer la nappe phréatique pendant des dizaines d’années.

Alors on ne peut plus faire l’amour à une personne qui nous plait sous prétexte qu’elle ne serait pas consentante.

On ne peut plus se brosser les dents sans s’obliger à fermer le robinet.

Bientôt on ne pourra plus laver sa bagnole pendant la canicule.

Alors on ne peut plus avoir à notre service des niakoués ou des bamboulas pour faire la lessive, la cuisine, le ménage et garder les enfants sous prétexte que 18 heures par jour et non payé, ce serait apparenté à de l’ « esclavage moderne ».

On ne peut plus manger de fraises en hiver sous prétexte que ça réchauffe la planète.

Bientôt on ne pourra plus boire un Martini on the rock sur une terrasse chauffée sous prétexte que le bilan carbone serait catastrophique.

(Depuis le samedi 7 novembre la campagne du Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras est terminée et nombreux sont les auditeurs de France Inter qui regrettent déjà ces publicités si souriantes et progressistes. Aujourd’hui, comme un bouquet final de feu d’artifice, j’ai décidé gratuitement d’offrir un dernier message au confit de canard)

Alors on ne peut plus rentrer chez soi quand on s’est torché avec les copains alors que personnellement je ne roule jamais aussi bien que quand j’ai un coup dans le nez.

On ne peut plus crever les pneus de la bagnole de son voisin avec qui on a eu un différent sous prétexte que ce serait du « harcèlement ».

Bientôt, on ne pourra plus se faire justice soi-même alors que les tribunaux sont déjà encombrés.

Heureusement qu’il nous reste le confit de canard. Un bon confit de canard vite fait au four sans chichi accompagné de patates sautées à l’ail en refaisant le monde dans la cuisine avec les potes, hein !

On ne va pas nous l’piquer ça.

Le confit de canard, hum, le bonheur peinard. »

Atout coeur

Mango Editions

À la veille du re-confinement et pendant ledit ne surtout pas oublier de prendre soin de son coeur. Et pour cela il est important de savoir comment fonctionne ce moteur qui irrigue la totalité de l’organisme en sang, permettant de respirer, bouger et vivre.

Un guide (1) rédigé sous la direction du Professeur Gilles Montalescot, patron de l’Institut de cardiologie de la Pitié Salpétrière, par l’association de patients Parole et Réactions explique de façon claire et illustrée comment fonctionne le coeur, comment l’entretenir et comment réparer les « pannes de réseau ».

Certes rien de romantique ni de romanesque dans cet opuscule mais des informations utiles et même vitales.

Pour l’anecdote on retiendra que l’expression « tomber dans les pommes » n’a rien à voir avec le fruit biblique mais provient de la déformation de « tomber dans les pâmes »…

(1) Coeur & artères en pleine santé ! – Editions Mango- 11,95 € – Les droits d’auteur sont reversés au fonds de dotation Action au profit des patients et de la recherche médico-vasculaire (www.action-fonds.org)

Champions ! Champignons !

la photo de couverture de la revue est d’Andréa Polato

Romain Bondonneau enseigne l’histoire et la géographie au lycée de Sarlat. Par les temps sinistres dans lesquels nous survivons cela mérite d’être salué. C’est aussi un hyperactif, passionné de littérature, d’art et de communication. Un honnête homme.

Romain Bondonneau aime son terroir. Il y porte un regard vif et sensible, à mille lieux du passéisme et du folklore. Il s’emploie à nous faire partager sa passion à travers une belle revue, « Sédiments » (1), dans laquelle il traite et fait traiter de manière libre et profonde de très beaux sujets (la préhistoire, la forêt, Doisneau et la Dordogne, Montaigne,…) et cela de façon originale. Il réussit en effet à attirer dans les pages de « Sédiments » des contributions de très haut niveau. Le numéro 11 en est le dernier exemple ; Maylis de Kerangal ouvre le bal. Quel fou, quelle folle, de la cueillette des champignons ne se reconnaîtrait-il/elle pas dans les premières phrases de son avant-propos ?  » Il est sept heures, le ciel s’éclaire, la grande clairière vibre, la rosée trempe mes bottes et je marche d’un bon pas en direction des bois. Depuis quelques jours le monde a changé : ses lois, son usage, ses habitants. Les champignons sont sortis et la fièvre s’est emparée des hommes… »

La « folie des champignons » compte bien d’autres textes et images (photos de Dieuzaide et de Doisneau ; peintures de Benjamin Bondonneau, frère de Romain) qui nous éclairent sur la science mycologique (texte limpide de Régis Courtecuisse, l’un des plus grands mycologues français), les champignons et la préhistoire (infâme fusarium solani qui a failli recouvrir les parois de Lascaux,)… Le dernier quart de la revue offre une petite anthologie littéraire champignonnesque très réjouissante.

À déguster d’urgence, sans modération et sans crainte d’intoxication ni d’indigestion !

(1) Sédiments 11 – « Folie de champignons » – les grands cahiers Périgord Patrimoine – Editions du Ruisseau (20 €). Dans les bonnes librairies du Périgord, du Lot, de Bordeaux, Toulouse, Limoges et Paris Tschann, L’écume des pages)

Editions du Ruisseau – Association Périgord Patrimoines, lieu-dit Prends-toi garde – 24200 Vitrac ; http://www.perigord-patrimoines.com

Garder la chambre

Le château de Hautefort, en Périgord vert, fut, entre autres, au XIIème siècle, la propriété du troubadour Bertran de Born, au XVIIème siècle, de Jacques-François de Hautefort qui aurait servi de modèle à l’Avare de Molière, puis au XXème siècle de la baronne de Bastard à qui l’on doit la résurrection de l’édifice après le terrible incendie de 1968 (1). La baronne y reçut en toute modestie la Reine mère…

Grâce si l’on peut dire à cet incendie Hautefort dispose d’un studio permanent de cinéma. Le château abrite en effet des salles vides et bétonnées laissées en l’état après le feu de 68, ce qui a permis l’installation du studio où fut presqu’intégralement tourné le film « la mort de Louis XIV » au cours de l’été 2015 (réalisateur Albert Serra, inoubliable Jean-Pierre Léaud dans le rôle principal)

La chambre s’offre aux visiteurs dans son huis clos morbide et intimiste. Un des plus beaux moments de la visite et le clou de l’exposition temporaire « 50 ans de cinéma à Hautefort » qui se tient jusque fin octobre. Une belle collection de photos et quelques extraits des films et séries TV tournés dans la demeure (Le chevalier de Pardaillan, Cartouche, Molière, Nicolas Le Floch,…).

Le site est exceptionnel de classicisme et de pureté. La baronne n’avait pas ménagé efforts et deniers pour reconstruire à l’identique et meubler avec goût et élégance.

(on a l’air dithyrambique mais, vraiment, cela vaut le déplacement ; à déconseiller cependant à celles et ceux qui n’aiment ni le cinéma ni l’histoire. Mais y en aurait-il encore ?)

sculptures et broderies de buis
A signaler également l’exposition des photos de Pierre Men, consacrée à son île de Madagascar (une partie est accrochée à la charpente de la tour de Bretagne

(1) Le château de Hautefort, Dominique Audrerie (Editions Sud-Ouest)

(2) toutes informations pratiques : http://www.chateau-hautefort.com

Christian, Sandrine, EriK, Joël et nous autres

Eh oui c’est la fin de cet été si particulier où l’on a, souvent par la force des choses, renforcé les liens locaux, redécouvert des lieux et des paysages si familiers qu’on n’y prêtait plus guère attention. Ainsi de l’espace culturel François Mitterrand à Périgueux, ancien bâtiment des archives départementales et son jardin attenant.

Sevrés d’événements culturels nous nous y sommes précipités le 27 août pour l’une des trois soirées (gratuites !) placées, précisément, sous le signe de la fin de l’été. Une petite scène sous les platanes, des sièges de jardin, des masques et la désormais classique distanciation dans une douceur enjôleuse… Une mise en scène idéale de sobriété pour entendre la lecture musicale d’un texte poétique et déambulatoire du Québécois Joël Bastard, « la clameur des lucioles ».

Sandrine Bonnaire, diction parfaite, robe écarlate, entente idéale avec Erik Truffaz. Un moment de grâce qui nous réconcilie avec tout. Et d’abord avec nous-mêmes.

En première partie le quatuor du Périgourdin Christian Paboeuf nous a offert un jazz innovant, ironique et tendre.

Ah quelle belle soirée !

(il aurait fallu des photos à la hauteur du moment, mais il ne faut pas trop demander. D’ailleurs l’imperfection n’est-elle pas signe de poésie … par défaut ?)

Le sceptre d’autocar

Suite du roman de gare.

Boris Vian avait bien raison : « on n’est pas là pour se faire engueuler… ». Et pourtant c’est le vague sentiment qui surnage. en parcourant la vastitude triste de la gare (ferroviaire) de Limoges à la recherche de la gare routière où nous attend l’autocar pour Périgueux. Tout à l’heure le contrôleur de l’Intercités nous renvoie d’un ton sans appel à notre bulletin de vote. Le chauffeur du car prend le relais dans l’échange de propos aimables.

Nous sommes cinq ou six à nous enfourner dans le véhicule. J’indique poliment que je garderai mon bagage à portée de main. « Ne le mettez pas sur le siège rétorque le conducteur. C’est un car neuf. Faut pas le salir. On est une compagnie privée, on n’est pas riches comme la SNCF  »

Dans la nuit bleue sous le phare lunaire nous avons cheminé par les petites routes limousines puis périgourdines, effectuant des haltes dans toutes gares, y compris celles – les plus nombreuses – où aucun voyageur n’avait demandé à descendre.

Au détour d’un bois une biche, gracieuse et gracile a traversé nonchalamment. Le chauffeur, royal, est resté imperturbable, tenant son volant comme d’autres leur sceptre.

On est arrivés très tard. Et on n’a jamais su ni le pourquoi ni le comment de la substitution d’un autocar au TER. Et nul ne nous adressé des excuses pour cette péripétie nocturne.

Roman de gare

Ni polar ni romance. Juste la (triste) réalité ferroviaire

les vitraux de la gare de Limoges

Il est 23 H passées de quelques minutes. Le train de Paris entre en gare de Limoges. Soudain une annonce : « Pour Périgueux prière de prendre l’autocar en gare routière ». Pour une mauvaise surprise c’est en une. Au moins deux heures de route en perspective soit le double du temps de trajet en TER. On interpelle le contrôleur : pourquoi attend-on l’entrée en gare pour nous infliger la nouvelle ? « Mais Madame les trains régionaux et les intercités ce n’est pas la même compagnie. Je ne suis pas censé savoir qu’ils mettent un autocar à la place du train ». On essaie de protester poliment : si on avait été prévenue au départ de Paris on aurait pu avertir la famille, prendre d’autres dispositions. « Vous deviez bien le savoir quand même » ajoute-t-on.

Ouh ! là on va trop loin. D’accord, admet le contrôleur, il avait entendu parler du changement de programme « par une voyageuse » au départ de Paris. Mais de là à vérifier l’information et la transmettre aux clients de la ligne…

L’Agent s’exaspère, descend sur le quai. Service terminé. Arrivé à bon port. Donc circulez, y a rien à voir, on ne discute pas. Et tout en indiquant l’escalator il nous cloue le bec : « fallait pas voter pour eux ! »

On en reste coi.

Attention(s)

En ces temps pandémiques on renoue des contacts, on se fait de nouveaux ami.e.s, on prête vraiment attention à la santé des personnes qui nous sont chères.

Et l’on est aussi l’objet d’attentions non sollicitées et inattendues. C’est fou ce que les compagnies d’eau, de gaz, d’électricité, les assurances se soucient de notre bien-être confiné.

Orange, dans le domaine de l’empathie bien organisée, détient incontestablement le pompon. Nous en sommes au message #5 reçu hier par SMS : « pour rester en contact avec vos proches, télé-travailler, vous divertir, retrouvez les sujets que nous avons retenus cette semaine pour vous… »

Une semaine avant on nous proposait de « tenter de gagner de nombreux cadeaux ». Huit jours avant c’était une alerte confinant à l’humour noir : « il s’en fallait d’un cheveu que vous ratiez l’arrivée de la fibre dans votre ville ». Ces multiples attentions en auraient presque détourné notre attention de quelques messages, froids et sans fioritures ceux-là : « votre facture mobile est disponible. Le montant sera prélevé le… » Idem pour la facture fixe et pour la facture internet. Finalement le prosaïsme et le caractère factuel de ces informations, plus conformes à la nature de la société qui nous les adresse, n’est-il pas cent fois préférable à la fausse empathie des messages commerciaux dissimulés sous une fausse attitude amicale ?

Vivement la fin du commercialement confiné !

PS : On a récemment appris que le nombre de personnes séjournant en Dordogne pendant le confinement avait augmenté…grâce à des statistiques fournies par Orange. Ça alors !

Un salon maintenu !

Alors que les annulations de manifestations culturelles, sportives et même politiques tombent comme à Gravelotte pour cause d’épidémie galopante, on est tout heureux de trouver des poches de résistance. Le salon du livre de Paris n’aura pas lieu. Mais celui de Lempzours – 134 habitants – est maintenu !

Sylvie, webmestre et cheville ouvrière de la manifestation le confirme : « La XIIIème édition de notre salon du livre aura lieu les 3 et 4 octobre 2020; l’actualisation du site web est en cours » (1). Un historique y sera inclus.

Il mentionnera la présence constante de Juliette Nothomb qui met un point d’honneur à se déplacer chaque année depuis la création du salon. Amélie n’est encore jamais venue. Mais qui sait ? ce serait si germanopratin de se propulser dans ce coin du Périgord vert, ancien siège templier. La gare la plus proche est à Thiviers (8 km), sur la ligne – non électrifiée – Limoges-Périgueux. On passe devant l’église. On grimpe une petite côte et on y est. Le salon, d’accès gratuit, est hébergé dans une annexe municipale.

Certes lorsqu’il pleut comme vache qui pisse l’extension en toile de la salle communale prend un peu l’eau mais généralement il fait beau. Les visiteurs sont accueillis à bras ouverts par la quarantaine d’auteurs qui ont tout leur temps pour se raconter et…tenter de se vendre.

Une belle part est réservé à la jeunesse. Les écoliers du secteur travaillent pendant l’année avec un auteur local à la production d’un livre. Ils prennent donc une part active au Salon.

Franchement que demander de plus en ces temps de restrictions en tout genre ?

Vivement le mois d’octobre !

(1)http://www.salonlivrelempzours.fr

Boubat, poète photographe

L’été dernier Les archives départementales de la Dordogne ont consacré une exposition au photographe Edouard Boubat, réunissant les tirages du séjour de l’artiste en Ribéracois dans les années 1990. Bien que l’immeuble des archives soit situé près du centre de Périgueux on l’ignore assez facilement car il n’excelle ni dans la visibilité ni dans l’attrait architectural extérieur. On a donc raté l’exposition. Par chance « Mémoire de la Dordogne », la revue publiée par l’institution permet un rattrapage. Le numéro 31 est encore disponible dans quelques bonnes librairies (6 €).

Edouard Boubat est né à Paris en 1923. Au retour du STO il achète son premier appareil photo, un 6X6 Rollei. Aux côtés de Brassaï, Doisneau, Cartier-Bresson il investit l’espace photographique et parcourt le monde avec un regard de poète. Prévert a écrit de lui : « dans les terres les plus lointaines, Boubat cherche et trouve des oasis. c’est un correspondant de paix ». Dans les terres proches aussi, comme l’illustrent ces images sereines et paisibles du Périgord. On sent le soleil nous caresser le visage, on goûte avec lui l’ombre propice de l’arbre à l’heure de la sieste. On glisse sur l’eau envahie d’herbes fleuries. Il nous fait aimer notre coin de province…

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